Certaines personnes deviennent importantes car elles changent l'histoire, d'autres font
l'histoire. Dennis Ritchie appartient � ce second groupe de personnes.
Lorsque que nous �tions encore en couche culotte, il d�veloppait le langage "C",
langage informatique le plus utilis� de nos jours.
Il est inutile de mettre en doute cette contribution � l'humanit�.
Mais, ce n'�tait pas assez pour lui. Dennis Ritchie et Ken Thompson ont
co-d�velopp� le syst�me d'exploitation Unix. Oui, il a cr�� UNIX.
Il n'a pas arr�t� de travailler sur ce dernier, de plus Plan 9 et Inferno ont �t�
d�velopp�s par le groupe de recherche qu'il dirigait.
Son travail fut reconnu par plusieurs organisations de la communaut� informatique:
ACM award pour un article de 1974 sur les syst�mes et langages;
IEEE Emmanuel Piore Award (1982), Bell Laboratories
Fellow (1983); Association for Computing Machinery Turing Award
(1983); C&C Foundation award of NEC (1989): IEEE Hamming Medal
(1990), etc.
Maintenant, Dennis M. Ritchie est a la t�te d'un d�partement de recherche
sur les syst�mes d'exploitation au centre de recherche des Bell Labs/Lucent Technologies dans
le New Jersey
LF:
Tout comme beaucoup d'enfant veulent devenir Superman, vous �tes l'idole de
beaucoup de programmateur C et de fans Unix dans le monde entier.
Comment ressentez vous le fait d'�tre ador� par des centaines de d�veloppeur UNIX/C?
Il est impensable de nous imaginer de nos jours sans Unix et C.
Lorsque vous avez cr�e C et commenc� a travailler sur Unix, est-ce que vous
vous attendiez � ce qu'il devienne le FUTUR de l'informatique?
Dennis:
Ces deux questions sont similaires, et elles me sont fr�quement pos�es.
Evidement, les f�licitations et les prix que j'ai re�u ainsi que
mon �quipe nous ont fait tr�s plaisir, et nous sentons ainsi que nos avons
cr�� quelque chose de valeur. Mais nous ne nous attendions pas � ce que cela
devienne "le futur" , ou de l'�ventuelle importance qu'ont pris nos travaux.
L'id�e de d�part �tait "essayons de faire quelque chose
d'utile" et en m�me temps r�alisons un travail o� d'autres personnes
pourront participer.
C'est important de garder � l'esprit que bien que Unix, le C et C++
soit un domaine important, le monde de l'informatique et des
produits r�els est beaucoup plus large.
Cela est vrai aussi bien pour les �tudes sur les langages de programmation
que le monde qui brasse beaucoup d'argent des �diteurs de software.
LF:
Si Unix fait parti du pr�sent ainsi que du pass� dans l'histoire des syst�mes
d'exploitation, C aurait pu �tre consider� sans nul doute comme "LE LANGAGE",
cependant beaucoup de langages orient�s objets sont apparus ces derni�res ann�es.
Que pensez vous de C++ et de Java, ainsi que de la petite guerre entre les d�veloppeurs
C et C++ ?
C a �t� caract�ris� (� la fois admirativement et individuellement)
comme un langage assembleur portable et C++ tente de le mettre au niveau
de l'orient� objet et d'une approche de la programmation plus abstraite.
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Dennis: C++ a b�n�fici� �norm�ment de C, parce que C fut adopt� par beaucoup
m�me avant la croissance de C++, et C++
a pu employer C comme base pour �tablir un nouveau langage et comme outil
pour cr�er ses compilateurs.
C a �t� caract�ris� (� la fois admirativement et individuellement)
comme un langage assembleur portable et C++ tente de le mettre au niveau
de l'orient� objet et d'une approche de la programmation plus abstraite.
L'erreur des deux (dans les standards r�cents)
semble �tre l'accumulation de gadgets. Ils ont tout deux un certain
pragmatisme en essayant de comprendre ce qui est r�ellement n�cessaire.
Java est manifestement un descendant de C++, qui en une fois
enl�ve l'h�ritage des pointeurs du C et ajoute l'id�e
(pas si nouvelle mais peut �tre de nos jour faisable) de fichiers
objets independants du mat�riel.
Maintenant qu'il a �t� pris dans une machination inter Sun-Microsoft et
qu'il a aussi ses propres probl�mes d'ornementation,
il est difficile de deviner vers quelle voie les choses vous allez.
LF:
Maintenant faisons l'hypothese que vous devriez refaire le langage C
apr�s toutes ces ann�es d'exp�rience et � partir de rien.
Est-ce que vous y changeriez quelques chose?
Dennis:
Trouver une voie (avec comme limite le temps � y consercrer)
pour �tre au maximun compatible avec le standard ANSI/ISO dans
certain cas: compl�ter la d�claration des types des arguments de fonctions,
que le standard C de 1989 apelle "function prototypes".
Il y a plusieurs petits d�tails qui ne sont pas tr�s propres, par rapport
� ce qu'il aurait du �tre.
Par exemple, la signification de "static", qui est utilis�e (� tort) dans beaucoup de cas.
J'ai toujours quelques doutes a propos de la syntaxe du langage,
surtout � l'endroit de la d�claration des variables. C'est un
des points le plus critique, mais elle a une logique interne.
LF:
Tandis que le C est adopt� par beaucoup et est bien normalis�, les
syst�mes d'exploitation sont toujours en pleine �volution.
De nouvelles id�es permettent de r�aliser des composants plus rapides et
moin chers.
Quelles devrait �tre selon vous les bases d'un syst�me d'exploitation?
En particulier, quelle est votre opinon sur les micro-nano-kernels par rapport
au noyau monolithique?
Dennis:
Je ne pense pas que, pr�sent� de cette fa�on, ce soit une voie interessante.
Je pr�f�re fortement les environements qui fournissent aux applications
un "espace de nom" structur� et commun , ainsi qu'un m�canisme pour
acc�der aux ressources, suivant la philosophie Unix (J'inclus Linux ici), Plan 9, Inferno.
Il me semble que l'id�e de micro/macro noyau ne s'est jamais
impos�e pour un cas r�el, tout du moins en tant que base de syst�mes � usages g�n�raux.
En pratique, il semble que le micro noyau devienne d�di� au macro-syst�me qui le
chapote. Cela pourrait rester un outil utile pour la structure interne d'un syst�me,
mais n'est pas viable seul.
Bien s�r (le monde �tant compliqu�) il y a des cas ou un petit
syst�me d'exploitation peut �tre tr�s utile pour des syst�mes � usage non g�n�raux mais
pas pour les ordinateurs de bureau ou les gros syst�mes centraux.
LF:
UNIX est maintenant un syst�me
d'exploitation ayant une longue histoire
Il a �t� cr�e il y a plusieurs ann�es et
depuis lors les fonctionalit�s r�seaux,
le mat�riel, les services ainsi que les applications ont �volu�s
�norm�ment.
Quelles sont les handicapes et les limites d'UNIX facent � la demande des
utilisateurs pr�sents et futures ?
Dennis:
Je n'en vois aucune, fondemantale ou technologique, au niveau des
API syst�me ("system calls"). Il y a bien s�r des implications commerciales et politiques
�normes dans la lutte qui oppose les vendeurs d'UNIX commerciaux entre eux et maintenant
avec les divers fournisseurs d'UNIX libres, y compris Linux et BSD.
LF:
En ce moment il y a un probl�me avec l'approche de l'an 2000 et la potentielle
implosion de l'internet due au bogue Y2K .
Croyez vous qu'il y ait quelques fondements � propos
des previsions apocaliptiques qu'ont fait quelques experts?
Dennis:
Aucun commentaire � ce propos, vraiment, en tout cas , je ne serait pas en
vol le 31 decembre 1999 � 23:59, je n'ai jamais �t� pr�s d'un
a�roport lors du nouvel an de toute ma vie. Ce fait n'a probablement rien � voir avec Y2K.
LF:
Ceci ne serait pas une interview compl�te si je ne vous questionnais
pas sur Inferno, le syst�me sur lequel vous �tes en train de
travailler.
Quelles sont les raisons pour lequelles vous avez con�u
un systeme d'exploitation compl�tement, ainsi qu'un nouveau langage associ� Limbo?
Mais aussi pourquoi le couple Inferno/Limbo s'il existe JavaVM/Java?
En d'autres mots, qu'est ce qu'apporte Inferno que Java n'a pas?
Dennis:
Inferno est l'enfant ch�ri de Phil Winterbottom et Rob Pike, et a commenc�
juste avant l'arriv�e du rouleau compresseur Java (la machine publicitaire).
Java avait son propre pr�decesseur (appel� Oak en interne), mais au moment o� Inferno
a �clos il n'y avait aucune raison de penser que le ph�nom�ne �mergerait,
et bien que nous ayons �t� inform� de java, il �tait toujours � l'�tat de projet. Je pense
que c'est un effet du hasard qu'une id�e technologique v�n�rable (un langage implant�
sur une machine virtuelle portable) ait �t� raviv�e � la fois par Sun et nous.
Ceci dit, l'idee Inferno �tait depuis le d�part plus
int�ressante en terme de technologie de syst�me d'exploitation
(un langage et un OS qui travailleraient ensemble sur du mat�riel �prouv�, simple et
identique en tant qu'application sous Windows ou Unix ou Linux). Toutefois, il faut
compliment� Sun pour avoir mieux pris pied dans le march� tr�s explosif des navigateurs
web.
LF:
Il semble que le futur de Limbo, en tant que langage de programmation, soit li� �
l'expansion et � la popularit� du syst�me d'exploitation Inferno.
Est-ce que cela a un sens de porter le langage Limbo sur un
autre syst�me d'exploitation ? Ou bien, sa conception et ses objectifs sont ils
trop d�pendants d'Inferno?
Dennis:
D'un point de vue technologique, Limbo n'est
pas particuli�rement d�pendant d'Inferno. En pratique,
il en est d�pendant,
simplement parce qu'une nouveau langage d�pend
de l'environnement dans lequel il est employ�.
LF:
En regardant votre carriere aux Bell Labs, il semble que vous
ayez toujours travaill� sur des projets que vous aimiez, et je suppose
que c'est toujours vrai avec Inferno.
Est-ce que je me trompe en pensant que vous appr�ciez
r�ellement votre travail de cr�ation d'UNIX et du C ?
Dennis:
Effectivement j'ai beaucoup appr�ci� ma
carriere au Bell Labs (qui continue).
LF:
Je ne puis �viter de faire la
comparaison entre vous et toutes les personnes qui ont actuellement
travaill� sur des projets sans but lucratif, simplement parce qu'ils sont passionn�s
- bien que je suis s�r qu'ils ne refuseraient pas d'argent pour le travail
qu'ils font. Pouvez vous vous voir impliqu�s dans des projets comme
Linux, ou semblables, si vous n'�tiez pas aux Bells Labs?
Comment voyez vous
toutes ces personnes depuis un laboratoire innovateur
avec le poids des ann�es d'exp�rience? Etant donn� que notre journal
est principalement destin� aux utilisateurs de Linux, nous ne pouvons pas oublier de vous poser
une question sur Linux. Tout d'abord, quel est votre avis sur
l'�lan de Linux, et sur la d�cision de beaucoup de soci�t�s de
commencer � d�velopper des logiciels pour lui (par exemple, est-ce que Bells Labs
va porter Inferno sur Linux)?
Dennis:
Je vais repondre � ces questions en m�me temps.
Le ph�nom�ne de Linux est tout � fait plaisant, parce qu'il s'inspire
fortement des bases fournies par Unix. Linux semble �tre
parmi le plus sain des d�riv�s directs d'Unix, bien qu'il
y ait �galement les divers syst�mes BSD ainsi que les offres plus officielles
pour les stations de travail et les fabriquant de gros syst�mes.
Je ne puis m'emp�cher d'observer que naturellement, les unix libres
semblent souffrir d'exactement
le m�me genre de fragmentation et de diff�rents qui se sont produit et
se produisent toujours dans le monde commercial.
LF:
La grande question � propos de Linux ?
Est-ce que vous avez d�j� utilis� Linux?
Si oui, quelle est votre opinon � son sujet ?
J'admire beaucoup la croissance et la vigueur de linux.
|
Dennis:
Je ne l'ai pas vraiment utilis� quotidiennement pour dire la v�rit�.
Mon environnement informatique est un �trange m�lange de
Plan 9, Windows, et Inferno. J'admire beaucoup la croissance et la vigueur de linux.
Souvent, des personnes me pose cette m�me question, mais pos�e de
telle mani�re que la r�ponse attendu devrait calmer une
irritation � propos de Linux par rapport aux Unix des soci�t�s traditionnelles.
Mais tout au contraire, je pense que tout deux sont la continuit� des
id�es que nous avions commenc�es avec Ken ainsi que beaucoup d'autres
il y a plusieurs ann�es.
LF:
Et microsoft, que pensez vous
du monopole de cette compagnie sur les ordinateurs de
bureau? Les anciens films de sciences fictions d�crivaient
un monde domin� par des gros ordinateurs qui rythmeraient votre
vie quotidienne. La r�alit� nous montre une autre histoire.
Des ordinateurs, � bien des �gards, ont �t� rel�gu�s � un
appareil simple.
Vous qui avez developp� un syst�me d'exploitation pens� pour les programmeurs,
qui avez v�cu ces sc�nes de science fiction,
qui avez imangin� l'informatique actuelle, comment imaginez vous
l'avenir de l'informatique ?
Selon vous, quelle place vont pendre Inferno et Linux
dans l'avenir ?
Dennis:
Ce sont deux questions. Microsoft a un monopole sur
les ordinateur de bureau, mais ce n'est pas la seule
informatique existante.
Les deux alternatives logicielles (comme linux) et des morceaux
du monde qui n'est pas autant m�diatis� que Windows ou la guerre
des navigateurs (comme l'informatique haute performance, celle
qui est tr�s fiable ou tr�s petite) auront toutes une place.
Je crois que Linux et Inferno vont prosp�rer.
Texte original en Anglais.
Aid� de John Peer,merci a lui.